Oublier les ans
L’amour n’a pas d’âge et moi je suis vieux
Je vis des minutes et creuse un sillon.
Si l’on meurt demain c’est qu’on n’aimait pas
Les pas d’un enfant et la mer étale
Et ta liberté où se trouvait-elle ?
Liberté fantoche un vain mot de plus
Là-bas sur la plage ? au fond du métro ?
Trop de temps perdu à rêver sa vie
Vide le présent des phrases oubliées.
Liés à nos jours, nous marchons aveugles.
La mélancolie non plus n’a pas d’âge
Toi tu as vingt ans sous un citronnier
Nier tes larmes, louer ton soleil
Les mots sont les mots et je ne vois rien
Hier tu pleures et moi je ressasse
Les mots d’un autre toujours mal criés
Où sont tes larmes quand ton sein est dur
La neige a fondu, qui ne le sait pas ?
Chaque mot me cache un peu plus tes yeux
Pourtant il faut bien se servir des mots
Trace des erreurs et des errements
Qu’on nous a laissés comme des cailloux
Des petits poucets ou des plaies qui suintent
Des cache-misère et des cache-sexe
Des panse malheurs écrits sur la vie
Criés dans les cris, pleurés dans les pleurs
Gueulés sur les tombes des amants lassés
L’amour n’a pas d’âge et moi je suis mort
Que tu aies vingt ans et que je sois vieux.