Lassitude
La fatigue de plomb
Posée pesante sur l’être se fige en son vide glacé
Chaque paupière enflée sur un oeil flou,
chaque mâchoire figée sur un silence froid,
Chaque membre engourdi d’immobilité morne
Observe s’écouler et s’étaler sans fin
Sur le corps indécis l’infinie lassitude
Collante de lourdeur
Et des poignets crispés les veines bleues appellent
Hurlent de s’échapper de cet ennui sans fond
Jaillir, rouges et belles, liquide liberté
Vider le corps pourri d’une vie trop putride
Laisser à l’abandon enfin cette statue
Délivrer de souffrance la pâle prisonnière
Voler loin des barreaux d’un seul corps étriqué
Dehors en d’autres âmes, multiples inconnues
Découvrir un jardin, promenade légère
Et ne rien regretter de la chair impuissante
Où perdue et figée, elle gisait de sa vie
Ainsi chantent à la mort
Les sirènes de la lassitude.