Mes bras qui tombent
Dans mes bras qui tombent,
il y a tous les mots que je voudrais écrire.
Tous les mots tassés qui suintent,
lamentables.
Les mots durcis et douloureux
Les mots stagnants
Les mots paralysés
Les mots mais-lâche-moi
Les mots arrête-de-me-serrer-comme-ça-tu-me-fais-mal
Dans mes bras qui tombent
Il y a tout le poids de mon dictionnaire des lieux communs
Dans mes bras qui tombent,
il y a tout le ridicule des fausses émotions de midinette en mal d’amour.
Dans mes bras qui pèsent,
il y a tous les mots des autres et pas un seul à moi.
Dans mes bras qui ne tremblent même pas,
il y a l’impossibilité de vivre.
Dans mes bras figés
grondent mes veines en crue qui veulent
vider les mots.
Dans le silence de mes membres statues
ricane le démon qui déverse son vomi
enfermé.
Faut-il ouvrir ces veines ?
Vider cet égout et délivrer les mots.
Laisser la mer de sang s’écouler
Laisser tomber enfin mes bras vraiment
M’abandonner au murmure reposant et vague.
Morte, mes bras enfin cesseront de tomber.